JournalSaison 4

Au revoir la famille

Aujourd’hui, nous partons pour Suva. Avant cela, nous avons promis à la famille de les accompagner à la messe du dimanche. C’est là que nous les avons rencontrés il y a une semaine, c’est une belle manière de terminer notre séjour avec eux. Comme le reste de la semaine, ils insistent pour nous prêter des vêtements : nous sommes sur notre 31, a la mode fidjienne. Nana porte une robe du même tissu que Floraine et que la chemise de Vincent. Louisa me prête une robe et Tata décide de changer sa chemise pour être assorti à moi, Patrick fait de même. Ils nous expliquent que comme cela, ils pourront montrer à tout le monde que l’on fait partie de la même famille.

La messe est extraordinaire. L’église est pleine à craquer, tout le monde porte de sublimes couleurs. Les chants sont pleins de joies et d’énergies, et je trouve cette messe beaucoup plus souriante et chaleureuse que toutes celles auxquelles j’ai pu assister. Je suis assise entre Nico et Teresia qui me prennent les mains pour chanter à plusieurs moments. Je les sens à un niveau de dévotion que j’ai rarement perçu dans ma vie, leur foi m’apparaît si sincère et entière qu’elle me touche profondément, même si je ne la partage pas.

Sur le chemin du retour, Teresia et Floraine avancent bras dessus bras dessous, Nico me tient la main et Abderrahim et Vincent discutent avec nos nouveaux frères et soeurs fidjiens. Je commence à appréhender les au-revoirs, qui ne sont jamais agréables mais vont être particulièrement difficiles avec cette famille qui nous a accueillis comme ses propres enfants. Nous avons le temps de partager un dernier repas ensemble, lolo à la coco, aubergines et bananes plantain, puis il est temps de partir prendre le bus. Comme prévu, le départ est difficile et les larmes de nana Teresia nous font craquer. Nous promettons de rester en contact mais nous avons conscience de la distance qui nous sépare de cette famille sur son île fidjienne, et de la probabilité très mince de pouvoir les revoir dans un futur proche. Dans ce mouvement de tristesse, je réalise quand même une nouvelle fois la chance que j’ai d’avoir pu faire un si long voyage pour vivre cette rencontre. Maintenant, pour moi, les Fidji n’évoqueront pas seulement un archipel paradisiaque à l’autre bout du monde, mais une école colorée sur la colline où vit une famille de substitution qui m’a accueille avec toute la chaleur dont elle était capable et a promis de me garder dans ses prières tous les jours de sa vie.

Le bus n’est pas très confortable mais ces 4h de trajet nous permettent de mieux voir le paysage des Fidji. L’île est très végétale, ce sont surtout des dégradés de vert qui défilent devant nos yeux, et la côte paradisiaque avec des palmiers, des plages et de l’eau turquoise.

En arrivant à Suva, il pleut des cordes. On nous a prévenus : le climat est très différent de celui de Nandi ici. Nous attendons un cousin de Teresia, prêtre dans la ville, qui va accueillir les deux garçons dans sa maison et qui a trouvé une maison d’accueil pour femmes pour Floraine et moi. Il vient nous chercher en voiture et nous emmène dans nos logements respectifs : toujours pas d’eau chaude ni de vrai matelas pour nous, mais finalement on commence à s’habituer. Nous rejoignons les garçons dans la maison du prêtre pour un rapide dîner, puis nous sommes escortées vers la sortie à 22h : pas de filles dans la maison la nuit ! Cela nous permet de nous coucher pas trop tard, et nous nous endormons rapidement malgré les ronflements de notre voisine de chambre.

Adèle

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Vinaka Vakalevu