ArticlesRapports paysSaison 5

Australie [s05e12]

Partie I : le contexte

Chiffres clés : 

  • Indice de Paix : 1.386
  • Indice de diversité religieuse : 5.6

L’indice de Paix est mesuré par l’institut d’économie et de paix en Australie à l’aide d’une méthodologie qui prend en compte 23 indicateurs et qui donne une note entre 1 et 5 à chaque pays, 1 étant un pays très pacifique et 5 étant un pays très instable. Voici le lien du rapport 2021 : https://www.visionofhumanity.org/wp-content/uploads/2021/06/GPI-2021-web-1.pdf 

L’indice de diversité religieuse est porté par le Pew Research Center aux États-Unis. Il mesure le degré de diversité religieuse dans chaque pays entre 1 et 10, 1 étant un pays très peu divers religieusement et 10 un pays très divers religieusement. Voici le lien du rapport 2020 : https://www.pewresearch.org/wp-content/uploads/sites/7/2014/04/Religious-Diversity-appendix-1.pdf 

La diversité de convictions au “Pays” : 

Le paysage religieux en Australie se sécularise et se diversifie de plus en plus. Aujourd’hui, environ ⅓ des Australien·nes sont athées ou agnostiques. Les 2⁄3 restants se disent croyant·es. Il y aurait 23 % de protestant·es et environ 23% de catholiques. Il existe enfin beaucoup de groupes minoritaires issus de l’immigration plus récente avec environ 3% de musulman·es, 2 % de bouddhistes 2% d’hindou·es. Les autres confessions incluent les sikhs et les juifs et juives. Les Aborigènes d’Australie qui représentent environ 2% de la population ont développé la spiritualité dite du “Temps du rêve” mais un certain nombre d’Aborigènes se sont converti·es de gré ou de force au christianisme. 

Avant la colonisation anglaise, les peuples aborigènes avaient leur propre tradition religieuse du temps du rêve. Les peuples aborigènes sont en Australie depuis 60 000 ans, Il existait alors plus de 500 cultures distinctes, parlant non moins de 250 langues différentes. Avec autant d’aires culturelles et d’influences diverses, donner une vision générale de la religion aborigène n’est pas chose facile. Chaque groupe a une mythologie spécifique qui se transmet à l’oral de génération en génération.  

Les peuples aborigènes ont subi un déclin démographique au cours de cette période car ils ont été dépossédés de leurs terres et des maladies se sont propagées parmi leur population. Les églises chrétiennes ont organisé des missions au cours de cette période, officiellement destinées à « civiliser » les communautés aborigènes et à répandre le christianisme. Les conséquences globales de cette activité sont encore contestées, mais elle a contribué au déclin des langues et croyances autochtones.

Le christianisme est arrivé en Australie avec les premiers colons britanniques de la Première flotte. Parmi les condamnés et les colons, la plupart étaient membres de l’Église d’Angleterre et d’Irlande. Bien que les colons libres aient commencé à arriver à la fin du XVIIIe siècle, c’est la ruée vers l’or des années 1850 qui a entraîné une augmentation importante de l’immigration. Les nouveaux colons ont apporté avec eux leurs traditions religieuses, telles que le catholicisme irlandais, le presbytérianisme écossais et l’anglicanisme, entre autres. 

À la fin des années 1970, le bouddhisme commença à devenir plus visible au sein de la société australienne, principalement par le fait de l’immigration issue de l’Asie du Sud-Est à la suite de la Guerre du Viêt Nam, mais aussi via la diffusion au sein des sociétés occidentales du bouddhisme tibétain. La plupart des personnes hindoues sont des descendant·es de personnes immigrées comme des Fidji, d’Inde, du Sri Lanka, de Malaisie, de Singapour mais aussi d’Afrique du Sud. 

L’islam en Australie est une appartenance religieuse minoritaire. Avec 3%, l’islam le quatrième plus grand groupe religieux en Australie. La grande majorité des musulmans en Australie appartient au courant sunnite mais il existe des minorités chiites et soufis. Les personnes juives sont majoritairement ashkénazes, c’est-à-dire d’Europe de l’Est, beaucoup d’entre elles et eux étant des réfugié·es et des survivant·es de la Shoah qui sont arrivés pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

L’interconvictionnel et la paix en Australie : 

L’Australie assure la neutralité de l’État à travers sa Constitution. Celle-ci établit le fait que le Commonwealth d’Australie ne peut proclamer de loi en faveur d’une religion, ni imposer de pratique religieuse : il n’y a donc pas de religion officielle. Néanmoins, l’État assure une forme de pluralisme religieux en veillant à l’égalité de traitement des différents cultes qui peuvent tous bénéficier de certains financements publics et d’exemptions fiscales s’ils sont enregistrés officiellement comme institution religieuse.

L’Australie est un pays globalement sécularisé au sein duquel la question religieuse est souvent un sujet marginal. Mais si la diversité religieuse est assez faible, elle est suffisamment importante pour que les minorités religieuses subissent des discriminations et qu’il faille prendre en compte l’antisémitisme, l’islamophobie et d’autres formes d’oppressions.

Les inégalités qui touchent les personnes aborigènes en Australie sont encore très importantes, en particulier en matière de santé, d’emploi et d’éducation. Si l’État australien s’est engagé à réduire ces inégalités, les rapporteurs onusiens sur la question sont formels : la réduction de ces injustices ne va pas assez vite. Les spiritualités aborigènes subissent également des tentatives d’effacement et de discriminations. Cependant, des organisations de la société civile essayent de valoriser et mettre en avant la diversité des peuples, cultures et spiritualités aborigènes, actions qui restent cependant principalement symboliques.

Dates clés :

  • 50 000 avant JC : présence des peuples premiers
  • 1788 : Début de la colonisation britannique
  • 1901 : l’Australie obtient son indépendance mais garde un lien fort avec la couronne britannique, le Commonwealth d’Australie est créé.
  • 1967 : L’Australie vote l’abolition de la discrimination contre les Aborigènes, ils et elles deviennent officiellement citoyen·nes australiens avec tous leurs droits en découlant.
  • 1978 : Le gouvernement Australien ratifie une loi pour protéger les sites sacrés aborigènes.
  • 1986 : L’Australia Act est signé par Elisabeth II qui consacre l’indépendance de l’Australie.
  • 1994 : Le gouvernement Australien vote une loi sur les titres de propriété aborigènes, le Native title act. 
  • 2008 : L’Australie présente officiellement ses excuses au peuple Aborigène pour les discriminations dont ils ont été les victimes ces deux derniers siècles.

Partie II : l’étude InterFaith Tour

InterFaith Tour 

  • 2 villes étudiées et 10 communes périphériques visitées.
  • Saison 5, 06/2022 : 23 entretiens avec 37 personnes (24 femmes et 13 hommes)
  • Saison 1, 02/2014
  • 15 organisations interconvictionnelles
  • 28 bonnes pratiques recensées 

Les entretiens réalisés :

  • Jamel, Jessiee, Dya du “centre of Melbourne Multi-Faith & Others Network”, COMMON (le centre multi-confessions et autres convictions de Melbourne)
  • Helen de “Interfaith Centre of Melbourne” (le centre interconvictionnel de Melbourne)
  • Jean de l’ashram interreligieux
  • Diana du Multifaith Advisory Group, MAG (groupe consultatif multi-confessionnel) de la commission multiculturelle de l’État de Victoria (“Victorian Multicultural Commission”, VMC)
  • Bhakta du Faith Communities Council of Victoria (conseil des communautés religieuses de Victoria)
  • Nadia, Jen, Rosa, Michael, Nathan, Norman, Sountharam, Vivienne du “centre of Melbourne Multi-Faith & Others Network”, COMMON (le centre multi-confessions et autres convictions de Melbourne)
  • Helen de “Interfaith Network”, IFN (le réseau interconvictionnel)
  • Uncle Gene et Autie Monica de “Cultural infusion” (infusion culturelle)
  • Ruth de “Building Bridges” (Construire des ponts)
  • Ginette de “Jewish Christian Muslim Association”, JCMA (L’association juive, chrétienne et musulmane)
  • Peter de “Cultural infusion” (infusion culturelle)
  • Monsieur Loic Granger consul général adjoint de France à Sydney
  • Keira de “Institute of Economics and Peace” (L’institut de l’économie et de la pai)
  • Samantha et Kim du “Columban Centre for Christian-Muslim Relations”, CCCMR (Le centre Columban pour les relations islamo-chrétiennes)
  • Thea et Fahimah de “Australian Religious Response to Climate Change”, ARRCC (La réponse religieuse australienne au changement climatique)
  • Elana du “centre of Melbourne Multi-Faith & Others Network”, COMMON (le centre multi-confessions et autres convictions de Melbourne) 
  • Heather de l’aumonerie interreligieuse de l’hôpital Canterbury
  • Zalman de Together for Humanity (Ensemble pour l’humanité)
  • Une personne (souhaite rester anonyme) de l’initiative Yalbalinga

Nos découvertes et apprentissages : 

En Australie, les organisations et initiatives interconvictionnelles sont nombreuses, diverses et innovantes dans un pays pourtant globalement sécularisé. Notre étude, concentrée sur la Nouvelle Galles du Sud et le Victoria, a montré que dans chaque quartier, ville, commune ou région, un collectif regroupant les responsables religieux existe et celui-ci est régulièrement consulté par les gouvernements locaux et régionaux sur les différentes politiques publiques mises en place autour de la cohésion sociale.

Nous avons observé qu’une majorité des initiatives et organisations interconvictionnelles ont été créées après les attentats du 11 septembre 2001. Selon les personnes interviewées, la raison de la création de ces organisations est en partie liée à la peur de voir émerger et s’importer des violences étrangères notamment à l’encontre des personnes musulmanes. Les actrices et acteurs de paix avaient à cœur de s’engager pour la prévention des conflits plutôt que simplement dans la réaction face à la violence.

Dans une société très sécularisée, nous avons observé que le système éducatif australien laisse une place significative aux écoles privées, elles-mêmes majoritairement confessionnelles. Plusieurs initiatives permettent aux élèves de faire l’expérience de l’altérité avant la fin de leur cursus scolaire. 

Enfin, chaque organisation interconvictionnelle sensibilise à la défense et à l’accès au droits des personnes aborigènes. Si très peu de membres d’ascendance aborigène font partie des organisations interconvictionnelles, la question est systématiquement abordée : lors des événements ou des projets il est rappelé que les participant·es se trouvent sur un terre ancestrale aborigène, c’est également mentionné sur leur site web, sont organisés des événements tournés autour de la guérison ou la culture aborigène etc.

Les organisations interconvictionnelles : 

  • Centre of Melbourne Multi-Faith & Others Network, Common (Le centre multi-confessions et autres convictions de Melbourne)
  • Women Interfaith Network, WIN (Réseau interreligieux des femmes)
  • The Interfaith Centre of Melbourne (le centre interconvictionnel de Melbourne)
  • Ashram Interreligieux
  • Multifaith Advisory Group, MAG (Groupe consultatif multi-confessionnel)
  • Faith communities council of Victoria (Conseil des communautés religieuses de Victoria)
  • InterFaith Network, IFN (réseau interreligieux)
  • Cultural Infusion (Infusion culturelle)
  • Building Bridges (Construire des ponts)
  • Jewish, Christian and Muslim Association JCMA (Association Juive, Chrétienne et Musulmane)
  • Institute of Economics and Peace, IEP (L’institut d’économie et de la paix)
  • Columban center for christian muslim relations
  • Australian Religious Response to Climate Change, ARRCC (La réponse religieuse australienne au changement climatique)
  • Interfaith Chaplaincy of Canterbury hospital (salle interconvictionnelle à l’hôpital Canterbury)
  • Together for Humanity (Ensemble pour l’humanité)

Les bonnes pratiques recensées : 

  1. Organisation interconvictionnelle
  2. Réseau de soutien des organisation interreligieuses
  3. Ashram Interreligieux
  4. Conseils au institutions publiques
  5. Discussions et échanges sur les sujets de société
  6. Positionnement en cas de crise
  7. Soutien des différentes communautés
  8. Médiations de conflits
  9. Visites de lieux de culte
  10. Conférences
  11. Prises de position communes
  12. Prières et méditations
  13. Rassemblement d’écoles
  14. Formations pour les fonctionnaires
  15. Forum
  16. Utilisation des données sur la diversité
  17. Ateliers en milieu scolaire
  18. Partenariat scolaire
  19. Partenariat universitaire
  20. Programs and Events
  21. Interfaith dialogue
  22. Ateliers éducatifs
  23. Ateliers tout public
  24. Collectif de jeunes
  25. Participation à des événements interreligieux et religieux
  26. Campagne positive sur les réseau sociaux 
  27. Sit-in non violent
  28. Aumônerie d’hôpital
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