PortraitsSaison 5

Comprendre les diversités religieuses au Mexique

Son Portrait

Renee de la Torre est chercheuse sur la diversité religieuse à Guadalajara. Elle est spécialisée en anthropologie sociale et a réalisé des recherches dans 4 domaines. 

D’abord, l’anthropologue étudie “La Luz del Mundo”, une Église pentecôstiste qui s’est créée au Mexique en 1926, dont l’église de Guadalajara est le plus grand bâtiment d’Amérique Latine et comporte 188 326 membres. Elle diffère des autres Églises évangéliques car il n’y a pas d’organisation en congrégation mais seulement un leader charismatique avec une famille sainte qui dirige l’Église. Elle y identifie certaines dérives sectaires telles que la planification, l’organisation, la direction et le contrôle de la vie de ses membres à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église. 

Ensuite, Renee analyse la pluralité du catholicisme au Mexique, qui est dissemblable de celle de l’Europe : il y a un mélange avec les spiritualités autochtones qui crée autant de conceptions que de groupes natifs du Mexique. Le Dia del Muertos est un exemple de ce syncrétisme : (re)voyez notre vlog ! Les autochtones ont leur propres organisations, langues, règles et traditions. Elle nous explique que seules 2 communautés ne se sont pas converties au catholicisme avec la colonisation : les Tarahumara et les Huichol. 

Elle s’intéresse aux “spiritualités alternatives” ou “new age”. C’est à la fois un retour aux racines pour les Mexicains et Mexicaines qui se reconnectent aux spiritualités ancestrales pré-hispaniques, comme un moyen de décolonisation, mais aussi un véritable business pour le tourisme. En effet, le Mexique est le pays du “new age” et de nombreux occidentaux, dont les Américains, viennent y expérimenter des rites chamaniques. Certaines populations autochtones y perçoivent une consommation individuelle de leurs rituels sans échange – “On vend nos dieux. Ils veulent emmener notre savoir.” – tandis que d’autres y voient un moyen de transmission de leur sagesse ancestrale – “C’est le moment de sauver le monde avec nos connaissances.”.

Aujourd’hui, Renee continue de réaliser des études statistiques sur la diversité religieuse au Mexique. Elle observe que les personnes croyantes sans religion augmentent le plus et qu’elles ont des pratiques et des valeurs religieuses.

Son enseignement

Renee nous a parlé de la laïcité au Mexique. Elle explique qu’au départ, faire accepter la loi n’a pas été une chose aisée. Il y a eu une guerre en 1926 entre les catholiques et l’État. Aujourd’hui encore, “La religion est une résistance culturelle et politique” : certaines Églises évangéliques et catholiques conservatrices veulent changer la constitution et instrumentalisent la liberté religieuse. Pour elle, le dialogue interreligieux regroupe des communautés qui se ressemblent, notamment plus libérales et ouvertes. La Luz del Mundo (cf post précédent) ne s’y implique pas.

L’un des éléments les plus importants du syncrétisme mexicain est la Vierge de Guadeloupe. Il s’agit d’un symbole catholique et autochtone, qui a notamment été utilisé par les Zapatistes, un mouvement social mexicain révolutionnaire, et par les féministes. Cette vierge est plus qu’un élément religieux, c’est une “composante nationale de la foi, de la culture et de l’identité mexicaines”. 

Renee termine en évoquant les liens profonds entre les mouvements sociaux et les religions, qui illustrent nos entretiens précédents. Par exemple, la migration est l’un des plus problèmes les plus importants au Mexique. Les congrégations religieuses sont celles qui y apportent des solutions : les Casa pour l’asile des migrants sont des points sur la route de migration, des lieux d’accueil et de défense des droits humains. Des communautés évangéliques ouvrent des maisons de désintoxication contre les drogues et les addictions. Elles assurent aussi beaucoup de travail en prison ainsi que certaines paroisses catholiques.  


Her Portrait

🇬🇧 Renee de la Torre is a religious diversity researcher in Guadalajara. She specializes in social anthropology and has conducted research in 4 areas.

First, the anthropologist studies “La Luz del Mundo”, a Pentecostal Church that was established in Mexico in 1926, whose church in Guadalajara is the largest building in Latin America and has 188,326 members. There it identifies certain sectarian aberrations such as organizing and controlling the lives of its members.

Next, Renee analyzes the plurality of Catholicism in Mexico: there is a mixture with indigenous spiritualities that creates as many conceptions as there are native groups. Dia del Muertos is an example of this syncretism: (re)see our vlog! The natives have their own organizations, languages, rules and traditions. She explains that only 2 communities have not converted to Catholicism: the Tarahumara and the Huichol. She is interested in “alternative spiritualities” or “new age”. It is both a return to the roots for Mexican men and women who reconnect to ancestral pre-Hispanic spiritualities, as a means of decolonization, but also a real business for tourism. Indeed, Mexico is the country of the “new age” and many Westerners come to experience shamanic rites. Some indigenous populations perceive an individual consumption of their rituals without exchange – “We sell our gods. They want to take away our knowledge.” – while others see it as a way to pass on their ancestral wisdom – “It’s time to save the world with our knowledge.”.

Today, Renee continues to conduct statistical studies on religious diversity in Mexico. She observes that religious people with no religion are increasing the most.

Her teaching

🇬🇧 Renee told us about secularism in Mexico. She explained that initially getting the law accepted was not an easy thing. There was a war in 1926 between the Catholics and the state. Even today, “Religion is a cultural and political resistance”: some conservative evangelical and Catholic churches want to change the constitution and instrumentalize religious freedom.For her, interreligious dialogue brings together communities that are similar, especially more liberal and open. La Luz del Mundo (see previous post) is not involved in it.

One of the most important elements of Mexican syncretism is the Virgin of Guadalupe. It is a Catholic and indigenous symbol, which has been used by the Zapatistas, a revolutionary Mexican social movement, and feminists, among others. This virgin is more than a religious element, it is a “national component of Mexican faith, culture and identity”.

Renee concludes by discussing the deep connections between social movements and religions, which illustrate our previous interviews. For example, migration is one of the most important issues in Mexico. Religious congregations are the ones who provide solutions: the Casa de Asilo de los Migros are points on the migration route, places of welcome and defense of human rights. Evangelical communities open houses of detoxification against drugs and addictions. They also do a lot of prison work as well as some Catholic parishes.  

We listened to Renee with interest and attention. This last interview in Mexico was a chance for us to clarify the context of this country so diverse in its ways of living its faith.

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