PortraitsSaison 5

Créer un lieu de culte inclusif pour les étudiant·es

Portraits

(English below) Né à Chicago, dans l’Illinois, Johnny a 28 ans et vit depuis ses 13 ans à Phoenix, dans l’Arizona. Ses parents sont chrétiens évangéliques, et c’est au départ par acte de rébellion qu’il est devenu athée et avide de comprendre les autres religions ! Cela s’est transformé en passion et il s’est ainsi engagé dans l’interreligieux. Son chemin spirituel l’a mené à se convertir à l’islam quelques temps plus tard. Johnny a cofondé Sun Devils Are Better Together lorsqu’il était étudiant à ASU (Arizona State University), s’est engagé comme leader de Interfaith Youth Core (IFYC) au niveau national et à l’international au sein de United Religions Initiatives (URI) ou du parlement mondial des religions.

Rachel a été présidente de l’association Sun Devils Are Better Together, elle travaille aujourd’hui pour l’université. Plus jeune, elle souhaite devenir pasteure, alors touchée par le fait que les jeunes quittent l’Église. Elle rencontre Johnny, qui souhaite mettre en place l’événement « Meet a muslim, meet a christian… » et se rend compte que beaucoup de ses coreligionnaires ont des préjugés importants sur les musulman·es. Elle se sent blessée pour son ami Johnny musulman et se sent blessée en tant que chrétienne que des mots de sa foi soient utilisés pour la haine. C’est là qu’elle s’engage à 100% dans l’interconvictionnel !

Leurs actions

Sun Devils* are Better Together (SunDABT – Les Sun Devils sont mieux ensemble) est une organisation étudiante interconvictionnelle de l’Arizona State University (ASU – l’Université de l’État d’Arizona) qui réunit des personnes aux identités religieuses et non religieuses différentes pour défendre l’inclusion, la coopération et le respect. Elle travaille sur les questions LGBT, les héritages culturels et la lutte contre le racisme.

1️⃣ Conseils pour l’université : L’organisation a plaidé pour la création d’un lieu interspirituel au sein de l’université qui soit accessible aux personnes de toutes les convictions. Pour chaque enjeu lié aux questions religieuses, spirituelles et de cohésion sociale sur le campus, l’association est sollicitée.

2️⃣ Meet a « … »  : Le mouvement met en place tous les vendredis des événements de sensibilisation, où les membres portent des affiches “rencontre une personne chrétienne” ou “rencontre une personne musulmane” ou toute autre conviction. Ainsi, les étudiant·es peuvent poser des questions, partager leurs interrogations ou même les stéréotypes qu’elles peuvent avoir. Tous les membres de l’association sont présent·es. Ainsi, si des paroles sont trop difficiles à recevoir pour certain·es, d’autres membres peuvent venir les épauler en tant qu’allié·es.

3️⃣ Lieu interspirituel : Au cœur du bâtiment de l’Université d’État d’Arizona (ASU) se trouve un lieu interspirituel qui accueille les étudiant·es souhaitant se recueillir ou prier. Sous l’impulsion de l’organisation SunDABT, il a été pensé pour être ouvert, adaptable et respectueux pour les personnes de différentes convictions religieuses, spirituelles et philosophiques. C’est là toute la différence entre un espace “accidentel” et un espace “intentionnel”. Pour être le plus inclusif possible, il doit être neutre, avoir des meubles amovibles et des espaces de prières fermés et ne doit pas ressembler à un lieu de culte existant.

*Surnom des étudiants de l’ASU

Voici quelques photos :

Leurs conseils

Rachel, impliquée en tant que présidente avec Johnny au sein des SunDABT, nous a partagé plusieurs astuces et bonnes pratiques pour un engagement interconvictionnel réussi.

« Lorsque tu travailles avec des personnes issues de minorités, tu dois te montrer, être présent·e. Il faut s’engager à avoir des représentant·es aux réunions et aux événements de chaque communauté. C’est comme ça que l’on construit une compréhension interconvictionnelle. »

Rachel soulignait qu’il ne suffisait pas d’organiser des événements de dialogue ou de coopération interconvictionnelle ou même de trouver les bonnes thématiques. Pour créer un groupe interconvictionnel où chaque personne se sent accueillie et soutenue, il est nécessaire de développer une posture d’allié·es afin d’apporter un équilibre entre des personnes issues de minorités et des personnes issues de la majorité.  Lorsqu’on fonde un mouvement interconvictionnel, le risque de former un groupe de copains et copines et d’avoir des difficultés de renouvellement existe ! Johnny nous racontait que si l’association avait réussi à réunir plus de 100 personnes, à participer à des centaines d’événements, elle avait eu du mal à se renouveler ! Il invite à former plus de personnes pour le leadership des organisations. Rachel et Johnny nous ont expliqué la nécessité de décider collectivement de principes communs avant de discuter de tous les désaccords, et surtout avant d’échanger sur les questions politiques sensibles. Selon elle et lui, c’est le point de départ essentiel pour créer un espace de confiance (safe space).Parmi les outils utilisés au sein des SunDABT, il y a le jeu des « outch » et « oups ». Si une personne se sent mal à l’aise par une parole ou une action d’un·e membre de l’organisation, elle dit « outch » et l’autre personne reconnaît son implication et dit « oups ». Cela permet de signifier la maladresse, de co-construire l’espace de confiance et de poursuivre la discussion.

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Portraits

Born in Chicago, Illinois, Johnny is 28 years old and has lived in Phoenix, Arizona since he was 13. His parents are evangelical Christians, and it was initially as an act of rebellion that he became an atheist and eager to understand other religions! This turned into a passion and he became involved in interfaith. His spiritual path led him to convert to Islam some time later.Johnny co-founded Sun Devils Are Better Together when he was a student at ASU (Arizona State University), engaged as a leader of Interfaith Youth Core (IFYC) nationally and internationally in United Religions Initiatives (URI) or the World Parliament of Religions.

Rachel is a former president of Sun Devils Are Better Together, she now works for the university. When she was younger, she wanted to become a pastor, then touched by the fact that young people were leaving the church. She met Johnny, who wanted to start a “Meet a Muslim, meet a Christian…” event, and realized that many of her fellow believers had significant prejudices about Muslims. She feels hurt for her Muslim friend Johnny and feels hurt as a Christian that words of her faith are being used for hate. This is where she gets 100% involved in interfaith!

Their actions

Sun Devils* are Better Together @sundabt_asu (SunDABT – Sun Devils are Better Together) is an interfaith student organization at Arizona State University (ASU) that brings together people of different religious and non-religious identities to advocate for inclusion, cooperation, and respect. It works on LGBT issues, cultural legacies and anti-racism.

1️⃣ Advice for the University.
The organization advocated for the creation of an interspiritual space within the university that is accessible to people of all faiths. For every issue related to religious, spiritual, and social cohesion issues on campus, the association is called upon.

2️⃣ Meet a “…”
The movement sets up outreach events every Friday, where members carry “meet a Christian” or “meet a Muslim” signs or any other belief. This way, students can ask questions, share their concerns or even stereotypes they may have. All the members of the association are present. Thus, if words are too difficult to receive for some, other members can come and support them as allies.

3️⃣ Inter-spiritual place
In the heart of the Arizona State University (ASU) building is an interspiritual place that welcomes students who wish to worship or pray. Spearheaded by the SunDABT organization, it was designed to be open, adaptable, and respectful to people of different religious, spiritual, and philosophical beliefs. This is the difference between an “accidental” space and an “intentional” space. To be as inclusive as possible, it should be neutral, have movable furniture and enclosed prayer spaces, and should not look like an existing place of worship.

*ASU students’ nickname

Good practices

Rachel and Johnny shared several tips and best practices for successful interfaith engagement.

“When you’re working with minority people, you have to show up, be present. You have to commit to having representatives at meetings and events in each community. That’s how you build interfaith understanding.”

Rachel emphasized that it was not enough to organize interfaith dialogue or cooperation events or even to find the right themes. In order to create an interfaith group where each person feels welcomed and supported, it is necessary to develop an ally posture in order to bring balance between people from minority and majority backgrounds. When founding an interfaith movement, there is a risk of forming a group of buddies and having difficulties with renewal! Johnny was telling us that while the association had managed to gather more than 100 people, to participate in hundreds of events, it had had trouble renewing itself! He invites more people to be trained for organizational leadership. Rachel and Johnny explained to us the need to collectively decide on common principles before discussing any disagreements, and especially before exchanging sensitive political issues. According to her and him, this is the essential starting point for creating a trusting space (safe space).Among the tools used within SunDABTs is the “outch” and “oops” game. If one person feels uncomfortable with something someone in the organization says or does, they say “outch” and the other person acknowledges their involvement and says “oops.” This allows the awkwardness to be acknowledged, the space of trust to be co-constructed, and the discussion to continue.

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