PortraitsSaison 5

Déconstruire les préjugés sur l’islam au Mexique

Portrait

Amina nous a proposé de la retrouver dans son restaurant japonais préféré et ce n’était pas pour nous déplaire ! Très engagée au sein du Conseil interreligieux de Mexico et d’United Religions Initiative, Amina a 62 ans et est “cheikha”, c’est-à-dire la leader de sa communauté soufie, et directrice de l’institut Luz Sobre Luz.

Elle nous raconte qu’elle a commencé par étudier la psychologie à l’université de Porto Rico et qu’elle recherchait alors un guide pour l’accompagner spirituellement. “Ça aurait très bien pu être un prêtre, mais c’est tombé sur un musulman.” dit-elle en souriant. Un de ses professeurs lui a alors fait découvrir l’islam, et plus particulièrement le soufisme.

En 1982, Amina s’envole pour New York, afin de devenir journaliste et y reste 5 ans. Elle découvre alors le livre “Coming Home”, qui parle de la spiritualité dans différentes religions. Il s’agit d’une sorte d’introduction pour celles et ceux qui sont en recherche. Épuisée par le métier de journaliste, elle n’arrive plus à sortir de chez elle et appelle son chef spirituel qui s’apprête à créer une communauté soufie à Mexico. Amina décide de le rejoindre et, trois mois plus tard, la mosquée s’organise tandis que son chef spirituel s’en va en lui laissant les clefs. En 1987, elle co-fonde ainsi l’une des premières mosquées soufie du Mexique.

“Recontrer l’islam a été pour moi une continuation, pas une conversion. Vous savez j’aime Jésus et j’aime Dieu. Quand j’ai réalisé ma première communion, j’étais certaine de mon choix.” Née dans une famille catholique, Amina refuse le mot “conversion” et préfère “continuation”. Dans son regard, on a toutes les quatre ressenti la profondeur de la spiritualité qui l’anime.

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Amina a participé au lancement du Conseil Interreligieux de Mexico en 1992. “C’était le début de l’interreligieux à Mexico, même si la 1ère vraie expérience ici remonte aux Jeux Olympiques de 1968, où il fallait proposer un accompagnement spirituel pour celles et ceux qui y participaient.“ Pour elle, cet espace est un moyen d’unifier les communautés minoritaires de Mexico pour faire entendre leur voix.

Au sein de l’Institut Luz Sobre Luz que Amina dirige, sont mis en place des rencontres avec des leaders d’autres religions, des visites de lieux de culte pour les enfants, et des cycles de formation sur les traditions sacrées. Il soutient aussi l’organisation annuelle de 4 cérémonies interreligieuses pour la paix.

Amina est amie avec des nombreuses imames et théologiennes islamiques à travers le monde. Quelques unes ont réalisé de nouvelles traductions du Coran qui permettent de révéler la portée égalitaire de certains passages. “Nous sommes toutes liées, c’est un petit monde, vous savez. Il faut détruire le patriarcat à la base de nos traditions. Il n’y a pas beaucoup de femmes qui sont bien équipées pour le faire avec de vrais arguments.”

Amina fait également partie pour 6 ans d’une commission pour l’égalité de genre au sein de l’ONG United Religions Intiatives. Tous les 25 novembre, elles se réunissent en référence à la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes (23/11). Il s’agit d’une cérémonie uniquement entre femmes et Amina explique ce choix : “Les femmes ont besoin de leurs propres espaces, sinon on ne voit aucun avancement.” Nous avons été très touchées qu’elle nous invite à y participer en ligne cette année. C’était un moment fort de prière et de messages d’espoir, de soutien et pour la justice sociale adressées aux femmes et aux filles.
Amina nous inspire beaucoup par sa détermination à toute épreuve et son sens de l’humour !
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