PortraitsSaison 5

Défendre les droits des enfants et lutter contre la pédocriminalité

Portrait

🇫🇷 (👉 English bellow ) Diana est prêtre de l’Église anglicane de Mexico City. Colombienne, elle a travaillé pendant 25 ans dans la finance. En 2012, Diana décide de changer de vie : “Quand j’ai tout quitté pour partir à Mexico City, c’était extrêmement difficile mais ce fut la meilleure décision de ma vie.” Pendant ses études au séminaire, elle s’engage dans des mouvements interreligieux puis est ordonnée prêtre en 2017 : “Ça me semblait impossible, mais j’ai compris que quand c’est la volonté de Dieu, il trouve un chemin.”

Il n’est pas toujours aisé d’être une femme au sein de ces différents milieux. Diana a fait l’objet de nombreuses critiques, tant au sein de son Église à ses débuts, que dans le cadre du collectif pour les droits des enfants. Au prix de beaucoup d’efforts, elle a gagné le respect de ses confrères et des membres de sa paroisse. “Le Mexique est un pays où la culture machiste est omniprésente.” nous dit-elle. Il faut se battre sans cesse pour être respectée et entendue : “En tant que femme, il faut démontrer qu’on est à la hauteur pour le poste.”

Aujourd’hui, Diana est coordinatrice nationale du réseau interreligieux Global Network of Religions for Children Mexico qu’elle a lancé avec des personnes de différentes religions il y a 5 ans. Cette structure internationale se bat pour les droits et le bien-être des enfants. Il s’agit de donner des moyens d’action aux enfants et aux jeunes, de dispenser une éducation à la paix, de mettre fin à la violence contre les enfants, de combattre la pauvreté des enfants, de promouvoir les droits de l’enfant, de lutter contre l’extrémisme violent et de protéger l’environnement naturel.

Diana nous a bouleversées par son abnégation pour les droits des enfants au Mexique. Sa spiritualité transparaît dans son action au quotidien : “Je suis prêtre, j’adore servir et je pense que la foi et l’action vont ensemble. Aller au culte le dimanche n’est pas suffisant.”

Contexte et actions

Diana nous explique que la situation des enfants au Mexique est catastrophique :

“C’est pourquoi j’ai choisi de travailler pour et avec les enfants. Je ne pourrai pas dormir si je ne faisais pas de mon mieux.”

Pauvreté et manque d’accès à l’éducation, violences domestiques, agressions sexuelles – notamment sur les petites filles et les jeunes femmes, le Mexique étant le pays sur 34 de l’OCDE à compter le plus de mineures enceintes -, prostitution aux frontières, pédopornographie… Selon l’UNICEF, 1 enfant mexicain sur 2 a souffert de violences psychologiques dans sa famille et 8 enfants sur 10 à l’école.

Elle nous parle d’un programme de formation pour les communautés religieuses, appelé “Chaînes d’Espoir” : chaque paroisse est invitée à créer une “Hope Team” composée d’un·e psychologue, d’un·e assistant·e social·e, d’un·e avocat·e et d’un·e référent·e spirituel·le pour écouter les victimes. Le 2e programme “Self Care” s’adresse aux enfants en leur apprenant à disposer de leurs corps, les limites de ce qu’un·e adulte peut toucher et à se défendre en allant parler à une personne de confiance. Pour contrer les mécanismes de culpabilisation des victimes par les agresseurs, il faut assurer le soutien psychologique et spirituel de l’enfant, en rappelant que Dieu est toujours avec lui ou elle, qu’Il ne va pas les punir, qu’il ou elle n’y est pour rien. La honte doit changer de camp.L’organisation sensibilise aussi les adultes, souvent incrédules, avec enquêtes et statistiques à l’appui, pour faire comprendre que le problème est endémique.  Diana nous partage son effroi face à l’inaction de la police : “La police ne croit pas les enfants et répond souvent que c’est impossible que ce soit un père, un professeur ou un prêtre qui agresse car “ce sont des bonnes personnes”.” Elle affirme : “Nous avons une grande responsabilité en tant que leaders religieux car les gens nous ouvrent leur coeur.”

L’organisation

L’équipe de GNRC Mexico est composée de 15 membres, mobilisant une trentaine de personnes actives, tous et toutes bénévoles sur 3 types d’actions :

  1. Éduquer à l’éthique : les problèmes des enfants sont souvent résolus depuis un point de vue d’adulte. Diana décrit le programme “Apprendre à vivre ensemble” basé sur les intérêts communs et la pédagogie active, où des jeunes de 12 à 17 ans cherchent des solutions ensemble à leurs propres problèmes en 2 étapes : agir sur soi-même et être en communauté.
  2. Prévenir la pauvreté des enfants : en cours de développement. 
  3. Prier pour les enfants : chaque année à l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant le 20 novembre, est organisée une journée de prière interreligieuse autour d’une intention. Diana nous raconte qu’en 2021, il a été choisi de prier pour le retour des enfants à l’école en présentiel après 17 mois sans école. En effet, le Covid a augmenté les écarts de ressources entre les enfants qui peuvent suivre les cours en ligne de chez eux et les enfants qui doivent faire 2h de route pour avoir un accès Wifi.

Même si les problèmes sont immenses, Diana ne s’arrête jamais. Sa lucidité sur la situation, ainsi que son humilité et sa détermination constituent la clef pour agir contre des problèmes d’ampleur. Elle reconnaît que GNRC ne fait pas de plaidoyer au Mexique car ses membres ont des idées politiques très éloignées. Son conseil :

“Vous devez apprendre à vivre et laisser de côté votre différence quand vous avez trouvé une bonne cause commune sur laquelle travailler ensemble. Je pense que c’est ce que j’ai appris ici dans ce projet.”

Nous avons été profondément marquées par cet entretien. Nous pensons évidemment aux victimes, aux enfants, particulièrement après les révélations du rapport de la Commission indépendante sur les violences sexuelles dans l’Église actholique en France. 


Portrait

Diana is a priest of the Anglican Church in Mexico City, committed to children’s rights. A Colombian, she worked for 25 years in the finance sector. In 2012, Diana decided to change her life: “When I left everything to move to Mexico City, it was extremely difficult; but it was the best decision of my life.” While studying at the seminary, she began to get involved in interfaith movements and was ordained a priest in 2017, “It seemed impossible, but I understood that when it’s God’s will, he finds a way.”

It’s not always easy to be a woman within these different settings. Diana faced a lot of criticism, both within her church in its early days, and within the children’s rights collective. Over time, she has gained the respect of her fellow members and her parish, but it has taken a lot of effort. “Mexico is a country with a macho culture,” she says. You have to fight constantly to be respected and heard, “As a woman, you have to show that you are up to the job.”

Today, Diana is the national coordinator of the interfaith network Global Network of Religions for Children Mexico, which she launched with people from different religions 5 years ago. This international structure fights for the rights and welfare of children. It focuses on empowering children and youth, providing peace education, ending violence against children, combating child poverty, promoting children’s rights, fighting violent extremism and protecting the natural environment. Diana moved us with her selflessness for the rights of children in Mexico. Her spirituality shines through in her day-to-day action, “I am a priest, I love to serve and I think faith and action go together. Going to worship on Sunday is not enough.”

Contexte and actions

Diana explains that the situation of children in Mexico is catastrophic: “This is why I chose to work for and with children. I wouldn’t be able to sleep if I didn’t.” Poverty and lack of access to education, domestic violence, sexual assaults – especially on little girls and young women, with Mexico being the country out of 34 in the OECD with the most pregnant minors -, prostitution at the borders, child pornography… According to UNICEF, 1 in 2 Mexican children have suffered psychological violence in their families and 8 out of 10 children at school. She tells us about a training program for religious communities, called “Chains of Hope”: each parish is invited to create a “Hope Team” composed of a psychologist, a social worker, a lawyer and a spiritual referent to listen to victims. The 2nd program “Self Care” is aimed at children by teaching them to dispose of their bodies, the limits of what an adult can touch and to defend themselves by going to talk to a trusted person. To counter the mechanisms of guilt of the victims by the aggressors, it is necessary to ensure the psychological and spiritual support of the child, by reminding him or her that God is always with him or her, that He is not going to punish them, that he or she is not to blame. The shame must change sides.The organization also raises awareness among adults, who are often incredulous, with surveys and statistics to back it up, to make it clear that the problem is endemic. Diana shares her horror at the inaction of the police, “The police don’t believe the children and often respond that it can’t be a father, a teacher or a priest who assaults because ‘they are good people’.” She asserts, “We have a great responsibility as religious leaders because people open their hearts to us.”

Oragnization

The GNRC Mexico team is composed of 15 members, mobilizing about 30 active people, all of them volunteers on 3 types of actions:

  1. Educating in ethics: children’s problems are often solved from an adult perspective. Diana describes the “Learning to Live Together” program based on common interests and active pedagogy, where 12-17 year olds seek solutions together to their own problems in 2 steps: acting on oneself and being in community.
  2. Preventing child poverty: in development.
  3. Praying for children: every year on International Children’s Rights Day on November 20, there is an interfaith day of prayer around an intention. Diana tells us that in 2021, it was chosen to pray for the return of children to school after 17 months without school. This is because Covid has increased the resource gaps between children who can take online classes from home and children who have to drive 2 hours to get wifi acces

Even though the problems are immense, Diana never stops. Her clarity on the situation, as well as her humility and determination, is the key to taking action against large-scale problems. She recognizes that GNRC does not do advocacy in Mexico because its members have very different political ideas. Her advice: “You have to learn to live and let live your difference when you have found a good common cause to work on together. I think that’s what I’ve learned here in this project.

We were deeply impacted by this interview. We obviously think of the victims, the children, especially after the revelations of the report of the Independent Commission on Sexual Violence in the Catholic Church in Fr

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