PortraitsSaison 5

Faire mémoire des déportés algériens –  Jean-Pierre Taïeb Aïfa

(English below 👇) En arrivant en Calédonie, nous souhaitions en savoir plus sur les descendant·es et les familles des déportés d’Algérie par la France entre 1864 et 1897. En effet, plus de 2106 algériens furent déportés sous l’ère coloniale pour être envoyés au bagne de Nouvelle-Calédonie. Leurs descendant·es habitent à Bourail et ses alentours. Une figure de cette communauté est Jean-Pierre Taïeb Aïfa. Il a 83 ans, son grand-père maternel est déporté en 1887 et son père est l’un des derniers déportés en 1898.

Il nous a accueilli chez lui pour l’après-midi, à 6km de Bourail, et nous a raconté son histoire. Il grandit en Calédonie, après un CAP électricien, il entre très tôt à l’usine dans la société de Nickel en 1956. Il s’engage dans le syndicalisme, et c’est là où il apprend le désaccord et le fait de s’engager avec des personnes différentes.  Il s’engage aussi dans le parti de l’Union Calédonienne. Il est longtemps président de l’assemblée territoriale, mais surtout, il est connu pour avoir été maire de Bourail pendant 30 ans ! C’est de là que son surnom de « Calife de Calédonie » lui a été décerné.

Avant toute chose : on ne doit jamais oublier. Il faut reprendre l’histoire de ce pays. Dans ce pays on a besoin de vérité, pas besoin de refaire l’histoire, mais on a besoin de vérité pour que les gens sortent de leur ressentiment de colonisés et colonisateurs, dominants et dominés, il faut avoir le courage d’aborder le sujet de fond. Sortir du non-dits et entrer dans un processus de mémoire et de vérité, si on veut une réconciliation.

Jean-Pierre Taïeb est aujourd’hui au conseil des sages mais son combat, son engagement est de toujours faire mémoire de l’histoire des déportés algériens. Pour ça, il en parle dès qu’il peut, à tout le monde, et c’est la raison pour laquelle il nous accueille. Il a participé à la création de l’exposition « Caledoun » et au livre lié à l’exposition.


When we arrived in Caledonia, we wanted to know more about the descendants and families of Algerian deportees by France between 1864 and 1897. Indeed, more than 2106 Algerians were deported at that time. Their descendants live in Bourail and its surroundings. A figure of this community is Jean-Pierre Taïeb Aïfa. Jean-Pierre Taïeb is 83 years old, his maternal grandfather was deported in 1887 and his father was one of the last deported in 1898.

He welcomed us to his home for the afternoon, 6km from Bourail, and told us his story. He grew up in Caledonia, after an electrician certificate, he entered the factory at a very early age in the Nickel company in 1956. He became involved in trade unionism, and it was there that he learned about disagreement and about engaging with different people.  He also became involved in the Union Calédonienne party. He was for a long time president of the territorial assembly, but above all, he is known for having been mayor of Bourail for 30 years! It is from there that his nickname of “Caliph of Caledonia” was given to him.

First of all: we must never forget. We must take back the history of this country. In this country we need the truth, not to rewrite history, but we need the truth so that people can get out of their resentment of being colonized and colonizers, dominators and dominated, we must have the courage to tackle the subject in depth. To leave the unspoken. And get into a process of memory and truth, if we want reconciliation.

Jean-Pierre Taïeb is today on the council of wise men but his fight, his commitment is to always remember the history of Algerian deportees. For that, he talks about it as soon as he can, to everyone, and that’s the reason why he welcomes us. He participated in the creation of the exhibition “Caledoune” and the book linked to the exhibition.

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