ArticlesPaix en Pratique(s)Saison 4

Paix en pratique(s) – Bosnie-Herzégovine

Nuages

Youth for Peace 

Depuis 2013, Youth for Peace travaille avec des jeunes de 11 à 35 ans pour créer du lien entre les différentes communautés ethniques et religieuses de Bosnie-Herzégovine. Ils accompagnent en priorité des jeunes en foyer, familles d’accueil ou milieux défavorisés, et leurs apportent des savoir-être et des savoir-faire nécessaires à leur évolution sociale. Leur objectif est de donner un exemple positif de la diversité, dans un contexte où l’éducation et les messages politiques ou médiatiques attisent les tensions et la ségrégation.

Ils organisent des séminaires, des conférences, des camps ou des tours interreligieux avec une double temporalité : en premier lieu, ils font travailler les jeunes sur des activités solidaires, pour leur permettre de partager des moments en commun et d’agir ensemble. Dans un second temps, ils abordent les questions douloureuses liées à la guerre pour permettre à tous de développer une meilleure compréhension des différents narratifs qui en résultent.

Cependant, comme beaucoup d’organisations en Bosnie, Youth for Peace reconnaît n’être capable de toucher qu’une population déjà désireuse de changement et de dialogue, qui n’est malheureusement pas majoritaire aujourd’hui : tant que le système éducatif ne changera pas, ils auront du mal à faire évoluer les aspirations nationalistes d’une jeunesse éduquée dans la ségrégation.

War Childhood Museum

Jasminko Halilovic a 25 ans quand il lance un appel sur Twitter à ce qui ont vécu, enfants, le siège de Sarajevo. Il reçoit des milliers de courts témoignages qu’il décide de publier dans un livre « War Childhood : Sarajevo 1992 – 1995 ». C’est ce livre qui va ensuite donner naissance au musée en 2017, avec une première exposition permanente d’objets ayant appartenus à des enfants pendant la guerre, accompagnés des témoignages qui leurs sont liés. Le War Childhood Museum confronte les traumatismes de guerre sans renforcer les barrières ethniques, à la fois pour les participants qui choisissent de partager leur histoire et pour les visiteurs du musée.

Le musée, indépendant et entièrement géré par des jeunes, a reçu le Museum Prize du Conseil de l’Europe en 2018. Il mène à la fois des activités de recherche, d’exposition et d’éducation : il développe des outils pédagogiques et travaille dans toute la Bosnie-Herzégovine avec des enseignants sur les questions de construction de la paix. Aujourd’hui, le War Childhood Museum a étendu ses activités aux conflits contemporains et devient une plateforme internationale donnant une voix aux enfants vivant ou ayant vécu des guerres : il travaille au Liban, en Ukraine, en Syrie, en Afghanistan et aux Etats-Unis.

Network for Peacebuilding ( Mreza Mira)

Le Network for Peacebuilding est un réseau de 180 membres travaillant dans des organisations liées à la paix ou aux droits de l’homme en Bosnie-Herzégovine. Les membres du réseau sont tous issus de communautés ethniques et religieuses différentes.

Network for Peacebuilding a un rôle de connexion entre toutes ces initiatives et organise également des activités en commun dans tous le pays sur des thématiques variées liées à la construction de la paix, dans le cadre de semaines thématiques : l’égalité femmes/hommes, la solidarité envers les réfugiés, la justice transitionnelle et la mémoire, l’écologie, les droits de l’homme et la reconnaissance des minorités, l’éducation, le renforcement de la société civile. Le réseau promeut dans ses pratiques une culture de la non-violence pour dépasser les clivages ethniques en favorisant la coopération intercommunautaire et interreligieux. Goran Bubalo, le directeur et fondateur du réseau, insiste sur l’inclusion des athées et agnostiques dans ce dialogue.

Srebrenica Genocide Memorial

Le mémorial du génocide de Srebrenica est un lieu de mémoire réunissant le cimetière de Potocari et le musée installé dans l’usine qui servait de siège à l’ONU pendant la guerre. Le mémorial permet de revenir sur l’histoire du génocide de juillet 1995 : à partir d’archives, de témoignages et d’outils pédagogiques, il défend l’histoire et les mémoires des victimes de Srebrenica face à un négationnisme encore très répandu, notamment dans la population serbe. C’est également un lieu important de recueillement pour les familles de victimes et de disparus.

Le mémorial a permis des avancées symboliques dans la reconnaissance du génocide, en accueillant des visites de vétérans bosniaques, serbes et croates ainsi que des visites officielles des présidents de toutes les communautés lors des différents anniversaires du génocide. Les équipes pédagogiques du mémorial sont également impliquées dans la recherche internationale sur les génocides contemporains, notamment pour leur expertise sur les processus d’identification des corps. 

Education builds BiH (Obrazovanje gradi BiH)

L’organisation a été crée en 1994, pendant le siège de Sarajevo, pour soutenir les enfants de la guerre et leur permettre d’être scolarisés, et pour accompagner les victimes vers le dépassement de leurs syndromes post-traumatiques. Plus de 7000 jeunes ont reçu des bourses et on été soutenus parfois tout au long de leur scolarité, de l’école maternelle à la vie étudiante. Ils participent, sans distinction religieuse ou ethnique, à des ateliers artistiques ou à des groupes de parole qui leur permettent d’extérioriser leur expérience de la guerre et d’apprendre à vivre avec leurs traumatismes, sans reproduire les clivages interethniques.

Depuis la fin du conflit, ils organisent également des camps d’été avec des enfants de différentes religions et communautés pour travailler sur les narratifs de la guerre. La reconnaissance des crimes commis par toutes les parties du conflit et le respect des différentes victimes est au cœur du travail mené lors de ces séjours.

Small Steps (Mali Koraci)

L’organisation promeut la paix et la non-violence à tous les niveaux de la société bosnienne : familial, communautaire et national. Son programme de transformation sociétale et réconciliation réunit des leaders religieux, des enseignants et des représentants municipaux pour dialoguer notamment sur l’enseignement de l’histoire récente et développer de nouveaux outils pédagogiques interreligieux.

Small Steps réunit également des enfants dans les villes à forte animosité interethnique pour leur enseigner les bases de la communication non-violente, et les faire réfléchir sur les conflits et les nationalismes à travers différents jeux de rôle.

Interreligious Council of Bosnia and Herzegovina

Le conseil a été fondé en 1997, avec l’objectif d’importer en Bosnie-Herzégovine certaines pratiques des commissions de réconciliations d’Afrique du Sud. Il réunit les leaders des principales communautés religieuses de Bosnie (musulmane, orthodoxe, catholique et juive), dans une même volonté d’œuvrer à la réconciliation post-conflit. Le conseil forme des journalistes à aborder les questions religieuses pour lutter contre la propagande et la discrimination médiatique. Les représentants des différentes religions animent ensemble un programme de radio pendant une demie heure chaque semaine, pour traiter en commun des thématiques diverses. Il réunit également des étudiants en théologie autour de questionnements partagés.

La Benevolencija

La Benevolencija est une organisation juive présente en Bosnie-Herzégovine depuis le XIXème siècle. Pendant le siège de Sarajevo, elle a été rejointe par des individus de toutes les communautés pour assurer une aide humanitaire constante et efficace : elle a distribué de la nourriture et des médicaments à tous les habitants de la ville et crée une soupe populaire, ouverte même pendant shabbat. Elle a collaboré avec un pharmacien palestinien pour mettre à disposition gratuitement les soins et médicaments.

Le statut neutre de la communauté juive a permis à l’organisation d’obtenir à plusieurs reprises les 4 laissez-passer (onusien, bosniaque, croate et serbe) nécessaires à la sortie de la ville pendant le siège, qui ont permis d’évacuer plus de 3000 personnes dans des convois multi-ethniques et multi-religieux. La présence de Jakob Finci, président de la Benevolencija, était nécessaire pour passer chacun des 36 check-points sur la route de Sarajevo à Split.

L’organisation a également assuré des programmes éducatifs et culturels pour les habitants pendant le siège, et organisé des expositions à destination des journalistes venus couvrir la situation.

Aujourd’hui, la Benevolencija travaille sur le micro-crédit pour développer l’entreprenariat en Bosnie, et continue ses activités culturelles.

Centre for Peace and Multi-Ethnic Cooperation (Centar Za Mir i multietničku saradnju)

Le Centre pour la paix et la coopération multi-ethnique collecte des archives documentaires, photographiques et vidéos sur la guerre et l’urbicide de Mostar. L’objectif est de préserver les mémoires du conflit et les témoignages de ceux qui l’ont vécu. Cette documentation est mise à disposition des chercheurs et étudiants souhaitant travailler sur le sujet, et a permis la publication de deux ouvrages et l’élaboration d’une exposition. Cette dernière, autour de la destruction et de la reconstruction du pont de Mostar, est souvent présentée devant des classes ou des groupes de jeunes pour les inviter à questionner leur rapport identitaire à la ville et à la guerre.

Le Centre a également crée le prix Mimar Mira (décerné à ceux qui ont contribué à la reconstruction post-conflit des territoires de Bosnie-Herzégovine) et le Mostar Peace Connection Award (qui récompense des individus du monde entier contribuant à la paix et à la coopération entre les peuples). Ces prix sont remis chaque année pendant l’événement « Mostar Does Not Forget its Friends » (Mostar n’oublie pas ses amis), qui permet aux mostaris de se réunir et de remercier ceux qui ont soutenu leur ville pendant la guerre.

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